Armelle Chaumaz Orthophoniste
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Comment préparer une dictée

4/6/2020

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Dès l'entrée à l'école primaire, l'apprentissage de l'orthographe passe bien souvent par des dictées à préparer à la maison. Parce qu'il n'est pas toujours facile de savoir comment s'y prendre, je vous propose aujourd'hui une méthodologie pour aider votre enfant à préparer sa dictée. Etape par étape, celle-ci reprend les trois niveaux de l'orthographe décrits dans un article précédent et vous propose de nombreux conseils pratiques pour :
  • la compréhension des mots
  • le repérage des sons complexes
  • la mémorisation de l'orthographe d'usage
  • l'identification grammaticale des mots
  • l'application des règles de grammaire
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Tête à modeler

Les dictées à préparer

La dictée à préparer est très courte au CP. Elle s'allongera et se complexifiera jusqu'au CM2 :
  • En CP et en début de CE1, les professeurs proposent des listes de mots isolés "à apprendre".
  • Au CE1, des phrases entières peuvent être proposées, c'est ce qu'on appelle une "dictée préparée".
  • A partir du CE2, les professeurs donnent à apprendre des mots isolés qui seront ensuite insérés dans des phrases. C'est la dictée classique.
Je vous propose de prendre un exemple avec cette dictée de CM2 qui a l'avantage de  présenter tous les niveaux de difficultés rencontrés en primaire, depuis la phonologie jusqu'à la grammaire. A vous de choisir les étapes qui vous concernent.
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​1) Vérifier le vocabulaire

Avant de prendre le stylo, il est nécessaire de s'assurer que votre enfant connaît la signification de tous les mots présents dans la liste. Vous pouvez donc lui demander : " Dans cette liste /phrase, y a-t-il des mots dont tu ne connais pas le sens ?" ou vérifier quelques mots qui vous semblent peu fréquents. 
Par exemple, dans cette dictée, on pourrait demander à l'enfant ce que signifient les mots "exode", "rural" et "citadin".
C'est l'occasion d'enrichir son vocabulaire. On peut s'amuser à chercher un synonyme, un contraire ou encore un mot dérivé de la même famille (par exemple, "citadin", comme "cité"). 
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Tokyo, une grande cité et ses citadins -  La dépêche

2) S'occuper des "sons complexes"

Le français possède des sons dits "complexes" qui sont en réalité des combinaisons de sons s'écrivant avec plusieurs lettres. C'est le cas de :
  • "ian" comme dans viande, "ien" comme dans chien, "ion" comme dans champion
  •  "ail" comme dans travail, "eil" comme dans soleil, "euil" comme dans feuille, "ouil" comme dans grenouille.
Les erreurs sur ces combinaisons de lettres sont très fréquentes chez les enfants en période d'apprentissage. C'est pourquoi leur acquisition demande de la répétition (et de la patience).
​
Revenons à notre dictée dans laquelle nous trouvons deux mots avec des sons complexes : région avec le son "ion" et accueillir : non seulement il comporte un son complexe ("euil") mais aussi une forme irrégulière à cause du "c" qui le précède. Voilà typiquement un mot dont l'orthographe est complexe !
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3) Mémoriser l'orthographe d'usage

Dès le CP, certains enfants acquièrent facilement l'orthographe d'usage des mots, c'est un peu comme s'il possédaient une très bonne mémoire photographique. ​
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Lomography
D'autres enfants auront besoin d'un apprentissage explicite pour :
  • repérer les particularités orthographiques des mots (telles que les lettres muettes, les consonnes doubles, les les lettres étymologiques ou historiques, les emprunts à d'autres langues, les graphèmes contextuels - c'est-à-dire des lettres qui changent en fonction de leur voisinage comme le c, le g ou le s-, etc.)
  • mémoriser les mots irréguliers comme femme ou monsieur.
En raison de sa longue histoire, le français regorge de particularités orthographiques et de mots mots irréguliers. La dictée que nous avons choisie n'y échappe donc pas et en comporte aussi quelques-uns :
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Mais alors, comment faire pour mémoriser tout ça ?

Il n'y a pas une recette miracle mais différentes stratégies d'apprentissage en fonction du profil cognitif de chaque enfant. Les adeptes de la gestion mentale [1] parlent de "langue pédagogique", chaque enfant utilisant des stratégies qui lui sont propres pour les apprentissages.
​Ces stratégies peuvent être visuelles, verbales (auditives) ou kinesthésiques (en mouvement).

1) Si votre enfant a un profil cognitif plutôt visuel :
  • Fermer les yeux et "voir" le mot dans sa tête. Votre enfant et capable de se représenter visuellement un mot.
  • Trouver un mot que l'on sait écrire et qui a une orthographe similaire (même s'il n'appartient pas à la même famille). Par exemple, banlieue commence comme banque.
  • Surligner avec un stylo fluo les lettres qui posent problème dans le mot (les lettres doubles ou muettes par exemple).
  • "Déguiser" les lettres qui posent problème avec un dessin qui rappelle le sens du mot : c'est la stratégie visuo-sémantique utilisée dans la méthode de "l'orthographe illustrée" [2].
Photo
histoireetgeographie.jimdofree.com
L'idéal est que votre enfant trouve lui-même le dessin :
​cela facilitera sa mémorisation et stimulera sa créativité.
Cette stratégie s'avère très utile pour les homophones, comme dans l'exemple ci-dessous :
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Pinterest
Et peut-être plus efficace qu'une longue explication, comme dans cet épisode des Beaux malaises : ​Les beaux malaises, épisode 15
2) Si votre enfant  a un profil cognitif plutôt verbal (auditif) :
  • Epeler le mot.
  • Prononcer le mot tel qu'il s'écrit (par exemple "a-kkkkku-e-illir" pour accueillir ou  "fa-mmmme" pour femme). Cette stratégie s'avère utile pour les mots irréguliers.
  • Trouver un mot de la même famille qui possède la même orthographe. Par exemple, habitant appartient à la même famille que habiter et habitante.​
  • Inventer une phrase qui explique la particularité du mot (comme le fameux "Toujours prends toujours un S")​. C'est un procédé mnémotechnique.
Vous pouvez télécharger ci-dessous
quelques phrases mnémotechniques ​pour l'orthographe d'usage :
phrases_mnemotechniques_pour_lorthographe_dusage.pdf
File Size: 57 kb
File Type: pdf
Télécharger le fichier

3) Si votre enfant a un profil kinesthésique (le mouvement l'aide pour mémoriser) :
  • Ecrire le mot : la mémoire du geste fixera l'orthographe.
Votre enfant peut copier le mot sur son cahier avec un stylo ou l'écrire avec son doigt sur le bureau, sur une surface rugueuse ou dans du sable. Les yeux ouverts, puis les yeux fermés, sensations garanties !
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Exemple dans du sable coloré avec le mot ville
​
  • Construire la forme du mot avec des Lego : cette stratégie s'avère particulièrement utile pour les lettres muettes ou doubles avec des hampes ou des jambages car elles dépassent vers le haut ou vers le bas.
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Exemple avec le mot ville et ses deux '''ll'' qui dépassent
​Mon conseil : félicitez votre enfant pour les stratégies qu'il a trouvées et acceptez qu'elles soient différentes des vôtres. Cela développera sa confiance en lui et le motivera pour renouveler l'expérience avec d'autres mots.

4) Classer les mots

A partir du CE2, vous pouvez demander à votre enfant de classer les mots en fonction de leur catégorie grammaticale pour préparer la construction des phrases :
  • les noms avec leur déterminant
  • les adjectifs
  • les verbes
  • les mots invariables
Voici un exemple de classement avec les mots de la dictée que nous avons choisie :
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Merci Arnault pour ce beau classement !

5) Appliquer les règles de grammaire

A présent que les mots isolés sont bien compris, orthographiés et classés, votre enfant va pouvoir les associer pour construire des phrases qui ont du sens. Cette activité fait intervenir le langage et stimule la créativité. 
​

Par exemple, avec les mots de notre dictée nous pourrions associer :
la ville + développer + beaucoup + un service
pour créer la phrase :
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Mon conseil : félicitez votre enfant pour les phrases qu'il a créées. Cela développera sa confiance en lui et le motivera pour renouveler l'expérience.

C'est à cette étape qu'interviennent les règles de grammaire :
1) les noms et les adjectifs qui vont ensemble s'accordent.
2) les verbes se conjuguent en fonction du sujet et du temps choisi. Certains verbes restent à l'infinitif (ceux que l'on peut remplacer par un autre infinitif du troisième groupe comm mordre ou vendre).
3) les mots invariables... restent invariables !
Et les homophones grammaticaux (a/à, on/ont, ces/ses, etc.) se différencient en fonction de leur sens dans la phrase.
Mon conseil : faites vérifier à votre enfant ces 3 règles phrase par phrase. C'est le moment de la relecture.

6) Ecrire la ponctuation

Cerise sur le gâteau, vérifions que la ponctuation est marquée en appliquant la célèbre phrase : "La phrase commence avec une majuscule et se termine par un point."
Photo
valerielacerisesurlegateau.fr

Pour conclure

J'espère que cette méthodologie vous aura donné des idées pour aider votre enfant à préparer sa dictée. En organisant le travail et en le fragmentant si nécessaire, le temps de préparation ne devrait pas dépasser 10 minutes au CP et 20 minutes en CM2.

Deux points me semblent essentiels pour la réussite de ce travail :
  • D'une part, il me semble important que les enfants jouent avec les mots (en trouvant une stratégie pour mémoriser l'orthographe d'usage d'un mot, en inventant une phrase comique).
  • D'autre part, votre présence auprès de votre enfant est indispensable les premiers temps pour le guider dans la préparation de sa dictée. Pratiquée régulièrement, cette méthodologie lui permettra progressivement de devenir autonome dans ce travail et de savoir se relire.​
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20 minutes.ch
Si malgré votre aide vous constatez que votre enfant présente des difficultés persistantes dans l'apprentissage de l'orthographe, parlez-en avec son professeur. Un bilan orthophonique sera peut-être indiqué.

Références bibliographiques

[1] Découvrir les gestes mentaux, sur les chemins de la gestion mentale, Marie-Louise Zimmermann-Asta, 2015, éd. Chronique sociale
[2] Mon orthographe illustrée, Sylviane Valdois, Marie-Pierre de Partz et Michel Hulin, 2017, Larousse
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Les 3 niveaux de l'orthographe

2/12/2020

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L'apprentissage de l'orthographe n'est pas toujours un long fleuve tranquille et nombreux sont les parents qui s'inquiètent des erreurs (parfois très créatives) produites par leurs enfants à l'écrit. Mais par où commencer pour les aider dans cet apprentissage lorsque que surgit sur le papier une phrase telle que celle-ci :
"Cet architete dessinne de beau plan." Par le "c" oublié dans "architecte", par les deux "n" de "dessinne", par le "s" et le "x" oubliés dans les "beaux plans" ?
Pour s'y retrouver dans cette jungle, je vous propose de faire connaissance avec l'orthographe et ses trois niveaux.
Photo
www.tempsreel.nouvelobs.com

Les 3 niveaux de l'orthographe

L'orthographe avec ses différents niveaux ressemble à ces belles maisons à étages d'Amsterdam.
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http://www.responsabledeprogrammes.com/
Sa disposition serait la suivante :
  • Au rez-de-chaussée : la phonologie
  • ​Au premier étage : l'orthographe lexicale
  • Au deuxième étage : l'orthographe morphosyntaxique.
Pour le plaisir, nous visiterons aussi les combles de la maison avec la ponctuation.
​

L'orthographe phonétique

Commençons la visite avec l'orthographe phonétique. Il s'agit ici d'écrire les sons des mots que l'on entend (les phonèmes) avec des lettres (les graphèmes) : pour cela, il faut choisir les bonnes lettres et les agencer dans le bon ordre.
Par exemple, le mot "moto" (phonétiquement [moto]) s'écrit moto.

Avec cette stratégie, le mot "bateau"  (phonétiquement [bato]) pourrait s'écrire bato.
Cette orthographe est dite "phonologiquement correcte".

L'orthographe phonétique des sons simples s'acquiert dès le début du CP et se consolide jusqu'en fin de CE1 avec les sons les plus complexes.

Elle nécessite une bonne conscience phonologique, c'est-à-dire la capacité à découper les mots en syllabes et en phonèmes et à les manipuler. Celle-ci fait intervenir une mémoire spécifique (la mémoire phonologique de travail) qui permet de stocker temporairement des informations pour les manipuler.
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​https://ici.radio-canada.ca/

L'orthographe lexicale

Passons au premier étage avec l'orthographe lexicale, aussi appelée "orthographe d'usage". Il s'agit de mémoriser des particularités orthographiques des mots.
Par exemple, le mot "bateau" s'écrit avec "eau" et non pas avec "o".

C'est là que les choses se compliquent car la langue française possède d'innombrables particularités orthographiques en raison de son histoire. Les lettres muettes, les consonnes doubles, les lettres étymologiques ou historiques, les emprunts à d'autres langues, et les graphèmes contextuels (par exemple, "on" qui devient "om" devant "m, b et p", ou encore "g" qui peut se prononcer [g] ou [j] selon la voyelle qui le suit) constituent une véritable jungle pour le jeune scripteur.
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Au secours !
www.super-julie.fr
Ces particularités font de la langue française écrite une langue dite "opaque" contrairement à d'autres langues telles que l'italien ou l'allemand qui sont bien plus "transparentes" car elles s'écrivent comme elles s'entendent (ou presque).
C'est pourquoi l'orthographe lexicale a fait l'objet de réformes par l'Académie Française pour être simplifiée. La dernière réforme de 1990, bien qu'elle reste facultative, vise à simplifier l'orthographe de 2400 mots (soit 4% du lexique).
Chez l'enfant, l'orthographe lexicale se construit à partir de la fin du CP/du début du CE1. Elle poursuit son enrichissement tout au long de la vie car nous apprenons des mots nouveaux jusqu'à un âge très avancé.
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​Et vous, quel nouveau mot avez-vous appris récemment ?
​http://bien-vivre-chez-soi.com/
Vous l'aurez compris, cette orthographe nécessite d'autres compétences que l'orthographe phonétique car elle se nourrit de la pratique de la lecture et de l'écriture. Elle requiert pour son apprentissage un bon niveau de vocabulaire et  des compétences visuo-attentionnelles.

L'orthographe morphosyntaxique

Montons encore d'un étage pour découvrir l'orthographe morphosyntaxique aussi appelée "orthographe grammaticale"  dans le langage courant. A lecture de cette phrase, certain.e.s se sont déjà raidi.e.s, tant le mot "grammaire" peut éveiller de souvenirs douloureux (tout comme le mot "solfège" d'ailleurs...). En effet, parvenus à cette altitude orthographique, il va bien être question de règles de grammaire.
​
De quoi s'agit-il ?
Commençons par expliquer ce que les règles de grammaire ne sont pas : malgré les apparences, ces règles n'ont pas été inventées par l'homme pour se compliquer inutilement la vie.
Bien au contraire, elles constituent un ensemble de "lois" qui régissent les relations entre les mots en fonction de leur nature et du sens de l'énoncé indépendamment de leur place dans la phrase :
  • les noms, déterminants, adjectifs et participes passés s'accordent ("les vaches grasses ont été bien nourries")
  • les verbes et les auxiliaires se conjuguent ("les vaches avaient ruminée et ruminent encore")
  • les homophones grammaticaux se différencient en fonction du sens de l'énoncé ("il nourrit ses vaches" / "il nourrit ces vaches").​ ​
Et c'est tout. Vous voyez qu'il n'y pas de quoi en faire un fromage.

​L'orthographe grammaticale se met en place à partir du CE2 et finit par être acquise au cours du collège car l'ensemble des règles grammaticales est un ensemble fini contrairement à l'orthographe d'usage qui, comme nous l'avons mentionné plus haut, continue à se développer tout au long de la vie.
La maîtrise de l'orthographe morphosyntaxique nécessite de bonnes compétences morphosyntaxiques à l'oral, l'automatisation des précédents niveaux d'orthographe (l'orthographe phonétique et lexicale) et d'importantes ressources attentionnelles. C'est pourquoi, elle reste parfois fragile et se révèle si sensible à la fatigue...
Photo
http://undetension.over-blog.com/

La ponctuation et la forme

Terminons la visite avec un coup d'oeil (et un clin d'oeil) dans les combles de la maison car l'écriture ne se limite pas à l'orthographe : la typologie est également importante. En effet, pour être compréhensibles, nos productions écrites doivent posséder une forme conventionnelle : c'est là qu'intervient la ponctuation qui apporte grâce à ses signes discrets clarté et confort au message.
Photo
http://www.lumieresdelombre.com/
Les bases de la ponctuation s'acquièrent dès le CP avec le fameux adage " La phrase commence par une majuscule et se termine par un point" et son apprentissage se poursuit jusqu'au collège avec l'apprentissage des autres règles de typographie. Mais ceci est une autre histoire...

Ainsi donc, il n'y a pas une seule orthographe mais plusieurs niveaux d'orthographe. Voilà qui je l'espère vous permettra de trouver des pistes pour aider votre enfant sur la route de cet apprentissage jusqu'au collège, en identifiant le ou les niveaux où se situent ses difficultés et en mettant au point une stratégie de relecture.
Je vous donne rendez-vous dans un prochain article sur le thème de l'orthographe lexicale et vous souhaite en attendant de bonnes
 vacances divers... ou plutôt d'hiver ! ;)
​

Pour en savoir plus

  • L'orthographe française, Nina CATACH, ​Nathan Université, 2003
  • Les rectifications de l'orthographe, Journal Officiel de la République Française, Edition des documents adminitratifs, 1990
  • Le bon usage, Maurice GREVISSE et André GOOSSE, de Boeck supérieur, 2016
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La dyslexie  en 5 questions

2/7/2019

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"Dyslexie" voilà un mot que tout le monde connaît aujourd'hui.  Mais on entend tellement de choses à son sujet qu'il est parfois difficile de s'y retrouver...
Suite à la semaine de sensibilisation à la dyslexie organisée par la Fédération Nationale des Orthophonistes (FNO) du 21 au 27 janvier 2019, j'ai eu envie de rédiger un article simple répondant à 5 questions essentielles :
  • Qu'est-ce que la dyslexie ?
  • Quelles en sont les causes ?
  • Comment la repérer ?
  • Comment intervenir auprès d'un enfant dyslexique ?
  • Comment accompagner l'enfant dyslexique et sa famille ?
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Apedys de Haute-Normandie

1) La dyslexie : qu'est-ce que c'est ?

La dyslexie est un trouble spécifique de l'apprentissage de la lecture chez un enfant ayant bénéficié d'un enseignement du langage écrit. Ce trouble se caractérise par une difficulté à identifier les mots et/ou à les décoder les mots.
  • Identifier les mots, c'est les reconnaître de façon "globale" sans les déchiffrer. Par exemple : CHAT, c'est une séquence de lettres que j'ai déjà vue, ça se dit "chat".
  • Décoder les mots, c'est reconnaître les lettres, les convertir en phonèmes et les fusionner. Par exemple, dans CHAT, les lettres C et H font le son /ch/, la lettre A fait le son /a/, la lettre T ne se prononce pas, /ch/ + /a/ , ça fait "cha".
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Alors, j'identifie ou je décode ?
www.golem13.fr

Mécanismes de lecture et types de dyslexies

Identifier un mot est plus rapide que le décoder mais ces deux mécanismes sont complémentaires : j'identifie rapidement les mots que je connais déjà dans ma bibliothèque interne mais je dois recourir au décodage phonologique à chaque fois que je rencontre un mot nouveau.
Une défaillance de l'un ou de l'autre mécanisme va donner des formes de dyslexie différentes :
  • Dyslexie visuo-attentionnelle
  • Dyslexie phonologique

Données de prévalence

On estime aujourd'hui La dyslexie touche 3 à 5% de la population [1]. Ce chiffre est stable en France comme dans le reste du monde (et donc en Suisse).​
La dyslexie touche davantage les garçons que les filles mais les causes à la base de cette différence sont encore inconnues.
Photo
www.lewebpedagogique.com

La dyslexie, qu'est-ce que ce n'est pas ?

En voilà une drôle de question... Pourtant, il est important de différencier la dyslexie d'autres problèmes. En effet, la dyslexie, ce n'est pas un simple retard d'acquisition de la lecture, ni un retard scolaire global, ni un trouble psychologique, ni un déficit intellectuel. Ni même une maladie.

2) Quelles sont les causes de la dyslexie ?

Dans la classification internationale [2], la dyslexie appelée "trouble spécifique de l'apprentissage de la lecture" fait partie des troubles neurodéveloppementaux. Elle a donc quelque chose à voir avec le cerveau...
Selon Franck RAMUS, Directeur de recherches au CNRS, les recherches actuelles en neurosciences montrent que "le cerveau des personnes dyslexiques présente des différences assez subtiles par rapport au cerveau des personnes non dyslexiques". La piste génétique est également explorée car 50% des enfants dyslexiques ont des antécédents familiaux.​
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Dr. Michel HABIB, conférence à Toulouse, 2013

3) Comment prévenir et repérer la dyslexie ?

Le diagnostic de dyslexie ne peut pas être posé avant que l'enfant apprenne à lire. La classification internationale [2] précise que le diagnostic ne peut être posé qu'à 3 conditions :
  1. si l'enfant ne présente aucun trouble perceptif (vision /audition) 
  2. si l'enfant a bénéficié d'un apprentissage de la lecture
  3. si l'enfant a bénéficié de 6 mois de mesures pédagogiques ciblées sans faire de progrès

Il est néanmoins possible de déceler des facteurs de risques de la dyslexie avant l'entrée au CP : Un enfant avec un retard de langage oral présente "un facteur de risque de 80% de développer ultérieurement des difficultés d'apprentissage du langage écrit" [3].
En effet, un faible niveau de vocabulaire en maternelle aura des effet délétères sur la mise en place future du mécanisme d'identification rapide des mots.  De même, des difficultés en phonologie (par exemple, pour segmenter un mot en syllabes) limiteront la mise en place du mécanisme de décodage phonologique à l'écrit.

D'autre part, il est aujourd'hui possible de détecter la réduction de l'empan visuo-attentionnel dès la classe de grande section de maternelle grâce à des tests spécifiques [4].

Il est donc important de repérer les enfants qui présentent ces difficultés dès la maternelle et de leur proposer une stimulation/rééducation adaptée avant l'entrée au CP.
Photo
www.naitreetgrandir.com

4) Comment intervenir auprès d'un enfant dyslexique ?

​Lorsque le diagnostic de dyslexie est posé, une rééducation orthophonique peut être proposée à l'enfant. Cette rééducation est construite sur mesure pour chaque enfant en fonction de ses points forts, de ses points faibles et de ses centres d'intérêt. Elle  vise à :
  • développer les compétences déficitaires (phonologie, conversion graphème-phonème, empan visuo-attentionnel, etc.)
  • mettre en place des stratégies de compensation
Il existe pour cela différentes méthodes de rééducation que l'orthophoniste choisira en fonction de sa formation et du profil de l'enfant.
Photo
www.defimedia.info

5) Comment accompagner l'enfant et sa famille ?

Le parcours scolaire d'un enfant dyslexique est rarement un long fleuve tranquille... Bien souvent, l'enfant et sa famille nécessitent accompagnement et soutien.

Les différents intervenants (orthophoniste, enseignant, médecin, autres rééducateurs, psychologue, associations de parents, administration, etc.) travaillent en partenariat pour que, malgré la dyslexie, l'enfant puisse s'épanouir à l'école, y suivre une bonne scolarité et développer son estime de soi. Il pourra s'agir de conseils, d'adaptations pédagogiques pour la scolarité et les examens, d'aides compensatoires techniques (par exemple, un ordinateur avec un logiciel spécifique) ou humaines, d'aides financières ou de soutien psychologique.
Photo
www.dys-positif.fr
Dans les cas les plus sévères, la dyslexie peut s'avérer un véritable handicap (même s'il est "invisible"). En France, il est possible de faire reconnaître ce handicap auprès des Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH) pour bénéficier de mesures spécifiques.

Mais terminons sur une note plus légère : quel que soit la sévérité de la dyslexie, il est important de considérer l'enfant dans toutes ses potentialités. Nombreux sont les enfants dyslexiques qui ont réussi dans la vie et qui sont devenus des adultes épanouis. Ce n'est pas Christelle CHANTREAU-BECHOUCHE qui vous dira le contraire ! Son expérience personnelle avec la dyslexie et son livre "Le manuel de survie pour les parents (et les profs) pour mieux vivre au quotidien les troubles du langage et des apprentissages" vous donneront envie d'aller de l'avant avec humour et sérénité. 
Photo
www.livre.fnac.com

Notes et références bibliographiques

[1] Dyslexie, dysorthographie, dyscalculie : Bilan des données scientifiques, INSERM, Rapport d'expertise collective, 2007,
en ligne 
http://www.ipubli.inserm.fr/handle/10608/73
[2] DSM-V : Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 2015, Elsevier Masson
[3] Exalang, C.THIBAULT et C. HELLOIN, 2010, HappyNeuron
[4] Evadys, S. VALDOIS, E.GUINET, J-L. EMBS, 2017, HappyNeuron
[5] Maisons Départementales des personnes handicapées w
ww.mdph.fr
[6] Le manuel de survie pour les parents (et les profs) pour mieux vivre au quotidien les troubles du langage et des apprentissages, C. CHANTREAU-BECHOUCHE et M. CARLIER, 2018, Josette Lyon
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